Animal de compagnie qui s’amuse à faire l’acteur dans son bocal, un petit caméléon un peu timoré est propulsé en plein désert de l’Ouest sauvage à la suite d’un accident de voiture. En pleine crise existentielle, il débarque tant bien que mal à Poussière, une petite ville ravagée par la sécheresse, où les habitants sont manipulés par des créatures sournoises et belliqueuses. Pour faire bonne figure, il se présente sous le nom de Rango, terreur du Far West. Impressionnés, les locaux s’empressent de le nommer Shérif. Le caméléon n’a d’autre choix que d’assumer ses nouvelles fonctions, et de se colleter avec tous les hors-la-loi et fines gâchettes de la région. Imaginé par Gore Verbinski en 2003, qui tournait alors le premier volet de “Pirates des Caraïbes”, “Rango” a pris les écrans d’assaut début 2011. Coécrit par John Logan, scénariste de “Gladiator”, “Aviator” ou “Sweeney Todd”, ce film d’animation en 2D impressionne par sa virtuosité technique et visuelle (basée sur le procédé de l’Emotion Capture, qui consiste à mettre en scène et filmer les acteurs dans les décors), la sophistication de ses graphismes (les effets spéciaux sont signés ILM) et l’extravagance de ses personnages. La quête d’identité du caméléon, acteur par excellence, se mêle à l’hommage aux mythes de l’Ouest sauvage et aux chefs-d’ouvre du western (voire à leurs parodies). De l’homme sans nom devenu héros malgré lui au maire corrompu, en passant par le tueur sadique, toute l’imagerie du western est représentée à travers le bestiaire des créatures du désert, vrai défilé de sales gueules. Résolument adulte et truffé de références, l’humour pourra déstabiliser les plus jeunes, mais il est souvent irrésistible. Si la musique de Hans Zimmer fait également des merveilles, “Rango” ne serait rien sans le talent Johnny Depp, qui prête voix et émotions au héros, et effectue une véritable performance. Il est épaulé par Bill Nighy, Isla Fisher, Harry Dean Stanton, Timothy Olyphant etc. A ne pas louper !