À l’ombre de la haine… et à celle de Faulkner ! Racisme, peine de mort, sud des États-Unis, alcool, relations amour-haine, suicides familiaux, poids du destin, impossible de ne pas évoquer l’auteur de Sanctuaire à la vision de ce film bouleversant. Intense, riche en événements, notamment pendant la première demi-heure qui vous saisit la gorge, À l’ombre de la haine est le deuxième film d’un réalisateur… suisse, qui n’hésite pas à faire d’abord confiance à l’intelligence et à la sensibilité du spectateur. À la manière de Sean Penn, Mark Forster travaille des thèmes chers à l’Amérique profonde : le deuil impossible, l’innocence perdue, le poids de la famille. Dans l’ambiance poisseuse du south america, il met l’accent sur le non-dit et les silences, le poids des regards lourds de blessures mal pansées. La réussite de cette plongée au cœur de l’Amérique tient également à la force de l’interprétation du couple central incarné par Billy Bob Thornton – The Barber – et Halle Berry (couronnée meilleure actrice à Berlin et oscarisée pour ce rôle en 2002). Au-delà de tout éloge, leur composition généreuse trouve son accomplissement dans une des scènes les plus torrides qu’il ait été donné de voir dans le cinéma américain contemporain. À leurs côtés, Heath Ledger – Chevalier –, dans le rôle du fils sacrifié, et Peter Boyle – Taxi Driver –, dans celui du père diabolique, rajoutent à l’intensité de cette tragédie antique made in US.–Sylvain Lefort

Hank travaille au quartier des condamnés à mort d’une prison du sud des Etats-Unis. Son fils Sonny y fait ses débuts. Plus sensible que son père, ses nerfs lâchent lors d’une exécution. Face à la haine de ce dernier, Sonny se suicide et Hank démissionne. Un soir, sur la route, il se porte au secours de Leticia et de son fils. Cette rencontre va bouleverser leur vie…